Pourquoi exposer pour les ombres en argentique

Exposer pour les ombres, ça veut dire quoi?

Lorsque l’on fait une photo, on doit jongler entre plusieurs paramètres pour avoir une exposition correcte (ni trop de lumière, ni pas assez) : L’ouverture du diaphragme, la vitesse et les ISO.
Mais lorsque le contraste d’une photo est élevé, soit on expose pour la partie claire, donc la partie claire sera bien exposée, et la partie sombre vraiment très sombre, où l’inverse, alors ce sera la partie sombre qui sera bien exposée et la partie claire vraiment trop claire.

Sur la première photo c’est le ciel qui est bien exposé, parce que je voulais qu’on puisse voir à quel point il avait des teintes rose ce soir là, et si j’avais exposé pour la modèle, le ciel aurait été beaucoup plus lumineux et moins intense au niveau des couleurs. Sur la deuxième photo c’est la modèle qui est bien exposée, et le ciel et les reflets dans l’eau sont eux beaucoup plus clair.

En numérique

En numérique pour ce genre de situation, j’expose pour les tons clairs. En effet le capteur arrive toujours à garder un maximum d’informations dans les tons sombres, donc si j’ai besoin en post-traitement je pourrai augmenter la luminosité de ces zone d’ombres sans problème. Alors que si une image est sur-exposée à certains endroits (souvent le ciel), on aura une grosse perte d’information dans ces zones qu’on ne pourra pas rattraper: on dit que ces parties de la photo sont « cramées ». Si on essaye en post-traitement de baisser la luminosité, même sur un fichier RAW, on ne retrouvera pas d’information mais juste une « tâche » grise. Si vous voulez une idée plus précise de ce qui peut être récupéré ou non j’ai fait un article sur pourquoi photographier en RAW qui montre tous les détails que l’on peut récupérer dans les ombres mais aussi la limite dans les tons blancs.

En argentique

En argentique c’est l’inverse ! Il y a beaucoup moins de perte d’information dans les tons clairs que dans les ombres. Alors forcément, avec mon habitude d’exposer pour les clairs (et ma peur de cramer les blancs), je me suis retrouvée avec des photos assez sombres, et surtout on ne distinguait rien dans ces parties sombres. En réalité je me suis rendu compte qu’on pouvait vraiment sur-exposer une photo argentique, qu’il n’y a pas de problème avec les tons trop clairs, et que beaucoup de photographes sur-exposent leurs pellicules d’un ou 2 crans sans problème !

Imaginez moi n’osant pas prendre une photo parce que mon appareil m’indique qu’il ne peut pas prendre la photo assez vite pour l’ouverture sélectionnée: en fait, je pouvais totalement!

Pour les deux photos suivantes j’avais vraiment exposé pour les clairs parce que je ne voulais absolument pas un ciel cramé, mais au final on ne comprend rien de ce qu’il se passe au premier plan.

Et pour le coup sur ces photos (et même si la retouche peut également se faire en argentique) ça ne sert à rien d’essayer d’augmenter la luminosité des tons sombres: il y a une trop grande perte d’information.

Conclusion

Pour mes prochains clichés, non seulement je vais exposer pour les ombres au moment de la prise de vue, mais en plus je vais essayer de sur-exposer d’un cran ma pellicule pour voir la différence. Pour cela rien de plus simple, il suffit de diminuer de moitié la sensibilité ISO du film. Par exemple pour un film de 200 ISO, si vous dites à votre appareil que c’est une 100 ISO en les réglant comme ça sur votre appareil, il va faire en sorte de faire rentrer plus de lumière à la prise de vue puisque vous lui indiquez que la pellicule est moins sensible à la lumière.

Comme vous le savez je débute en argentique, donc je ne me rend compte des choses qu’au fur et à mesure de mes envoi de pellicules au labo ! Je vais probablement me rendre compte de beaucoup de choses dans les prochains mois alors restez à l’affût des nouveaux articles pour ne pas faire les erreurs que je fais en tant que débutante!

15 commentaires sur « Pourquoi exposer pour les ombres en argentique »

  1. Bonjour à toutes et tous,
    Eh oui, redécouvrir l’argentique suppose quelques surprises et remise ne question de quelques habitudes …
    Les films d’antan étaient beaucoup plus proches de la perception humaine des couleurs, lumières, contrastes que les capteurs de nos appareils numériques.
    Il faut aussi dire qu’ils ont bénéficié de près d’un siècle d’améliorations … contre une vingtaine d’années pour le numérique !
    Ceci étant – et comme je ne développe pas moi-même mais que mon labo est attentif – je me permets de joindre quelques liens utiles pour tirer le meilleur parti de ses pellicules (au prix où elles sont !) : https://analogyou.wordpress.com/2014/10/20/les-differentes-pellicules/ ; https://histoires-de-photos.com/category/conseils-pour-debutants/
    Bonne lecture et belles découvertes.

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  2. Bonjour. bravo pour ces explications et votre modestie vis à vis de la photographie argentique. La problématique de l’exposition d’un négatif est une question essentielle dans la réussite d’une photo. Un film négatif peut supporter une forte surexposition. Les détails dans les hautes lumières restent visibles même en exposant à + 3 IL. Une pellicule comme la Kodak Portra par exemple se comporte très bien en exposant pour les ombres. Le grain est atténué et les couleurs justes mais parfois un peu pastel quand on exagère un peu. Je suis photographe mariage et la pellicule reste un support de choix dans mes prestations. Je prends la mesure de l’exposition dans les zones sombre en couleur. Le résultat est toujours très propre.
    Voici un article intéressant de la société de développement et de numérisation argentique Carmencita : https://carmencitafilmlab.com/how-exposure-affects-film/
    Continuez vos articles intéressants et bien écris. Merci encore de soutenir la communauté des passionnés de photo argentique.

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    1. Bonjour, merci pour le commentaire et le lien ! Je me documente beaucoup pour améliorer mes photos argentiques et je vois justement beaucoup de photographes qui sur-exposent la Portra pour avoir ce rendu un peu pastel. Pour le moment j’ai surtout testé la Kodak Gold (un peu plus dans mes prix pour débuter) mais à la fin du confinement j’aimerai tester plus de pellicules, il y en a un paquet ! Pour vos prestations de mariage vous avez une pellicule fétiche avec laquelle vous aimez travailler ou bien vous changez régulièrement?
      A bientôt et merci de me suivre sur ce blog, je suis contente que ce soit un moyen de « rencontrer » des photographes qui pratiquent l’argentique!

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      1. Oui, je travaille toujours avec les mêmes pellicules : en couleur Portra et en noir et blanc Kodak TMAX, 100, 400 ET p3200 ou Ilford HP5 et Delta 3200. Mais il y a tellement de pellicules intéressantes à essayer en couleur comme la Lomography 800, la CineStill 500T ou la Kodak pro Image 100. Il y a de quoi s’amuser.

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        1. Oui c’est sur qu’il y a de quoi s’amuser ! J’ai testé une pellicule de pro image 100 mais je n’ai pas eu le temps de l’envoyer au labo avant le confinement ! J’ai hâte de pouvoir la faire développer, je vais finir par oublier ce qu’il y a dessus !

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  3. Bonjour Frédérique, bonjour à toutes et tous,
    Hé oui, les films argentiques avaient une « vision » plus proche de celle de l’œil humain, bien plus que nos capteurs modernes, mais il ne faut pas oublier qu’ils avaient plus d’un siècle d’améliorations continues alors que nos capteurs ont une vingtaine d’années … et que les aléas de la chimie aura toujours plus de latitude que des codes binaires !
    Ceci étant, il est toujours difficile de conseiller tel ou tel film plutôt qu’un autre, car ça dépend de la pratique de chacune (couleur ou N/B – et je ne parle pas des dias, tombées en désuétude).
    Personnellement, je me suis inspiré des sites suivants : https://analogyou.wordpress.com/2014/10/20/les-differentes-pellicules/ ; https://histoires-de-photos.com/2011/11/16/le-choix-dune-pellicule-pour-la-photo-argentique/ ; https://www.filmisundead.com/quels-films-choisir-pour-debuter-en-argentique/ ; enfin – et cette adresse devrait te plaire Frédérique – https://lafillerenne.fr/blog/562/
    Inspirez-vous de leurs conseils mais testez par vous-même. Et si une pellicule vous convient mieux que d’autre, il est toujours possible d’acheter des bobines de film (30m )et on monte ses cartouches soi-même, ce qui diminue drastiquement le coût et permet de faire des essais au nombre de poses que vous désirez (voyez pas exemple chez https://www.fotoimpex.com/films/35mm-films/).
    Perso, j’attends le déconfinement pour confier quelques bobines à mon petit labo et voir ce que ça donnera.
    Bonne découvertes

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    1. Ah oui merci pour ces nouveau liens ! Oui pour le moment je teste les choses et je découvre, c’est un réel plaisir ! Merci pour l’info des bobines, je verrai si j’ai une préférence pour un film !
      Bonne soirée!

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  4. Merci pour ces précisions, je n’avais pas du tout cela en tête, j’essaie de faire quelques pellicules avec un Lubitel et jusqu’à maintenant le résultat était plutôt nul.
    Suite au prochain épisode.

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    1. Ah, le Lubitel, tout un poème … russe. En son temps, j’en ai eu un (voir sur le site) et, franchement, il n’était pas pire que le Yashica C, par exemple, juste plus léger. Si vous cherchez des infos, je vous recommande ces trois sites : http://www.sovietcams.com/index.php?784016222 et https://camerapedia.fandom.com/wiki/Lubitel_2 en anglais ou – surtout – http://serge.papierski.free.fr/Le_Lubitel_2.php en français qui vous livre gentiment une grille que, personnellement, j’avais collée sur le côté de l’appareil. Mais essayez avec des films un peu plus rapide que ceux habituellement conseillés (genre 100 ou 200Asa), vous aurez moins de soucis avec un 400.
      Mais ce genre d’appareil, ça doit s’apprivoiser (ne fusse que de devoir inverser l’image sur le dépoli).
      Bon courage et bon amusement.

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  5. Bonjour,
    Article intéressant. Effectivement, les capteurs CMOS sont capables de récupérer un maximum d’information dans les noirs. Alors qu’en argentique… c’est un peu l’inverse… Mais pas vraiment… Puisque les négatifs que vous avez, vous les scannez et les travaillez dans des outils numériques. Les scanners sont comme les capteurs CMOS de nos appareils numériques, c’est à dire qu’ils gèrent mal les détails dans le noir.
    Pourquoi les photographes exposent plus, en ouvrant d’un diaph ?
    Parce que, avant, quand on prenait une photo, c’était pour la tirer sur papier… argentique. Et que quand on fait du tirage argentique, il est plus facile de faire monter une partie claire (c’est à dire d’exposer plus longtemps à la lumière un ciel clair pour faire monter les détails, pour avoir du noir) que de retenir une partie sombre (c’est à dire de masquer une partie du négatif pour éviter que le papier noircisse).
    D’ailleurs, pour aller encore au delà, l’expression complète est « exposer pour les ombres, développer pour les lumières ». Car vous pouvez demander à votre labo (le mieux étant bien sûr de développer tout seul) de faire des traitements en lien avec la façon dont vous avez exposer votre film.
    Enfin, cette notion est très fortement lié au Zone System, une méthode très courante aux US, moins en France, sur la notion de découpage en zone d’une composition.

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      1. Bonjour,
        C’est une méthode global, qui permet de décrire une scène par zone, de la plus claire à la plus foncée, et d’obtenir un négatif « parfait » 🙂
        Un peu de lecture ici :
        https://galerie-photo.com/zone-system.html
        C’est très américain… Mais à l’époque des grand format 8×10 ou plus, les tirages étant réalisés par contact, il fallait que le négatif soit le plus parfait possible !

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